Another Day [Win]

Un jour de plus que je passais à New Heaven et je broyais toujours autant du noir. Je n’avais pas encore recroisé le chemin de Tobbias et je ne pouvais pas dire que je m’en réjouissais réellement. D’un côté, je voulais avoir des explications, pourquoi m’avait-il planté le jour de notre mariage ? Etait-ce parce qu’il avait suffisamment profiter de mon argent sans que je m’en rende compte ? Enfin si, je savais qu’il utilisait mon argent, mais c’est surtout parce que je lui proposais. On est toujours perdant à être généreux avec les autres, si si je vous assure. J’en suis la preuve vivante. C’est ça l’inconvénient quand on est riche, on ne sait jamais si les gens s’intéressent à nous pour ce que nous sommes ou juste pour notre fric. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je fais très difficilement confiance aux gens. Tobbias paraissait pourtant si différent des autres, mais ce n’était qu’un leurre. Il aurait pu faire une belle carrière en tant qu’acteur. Bref, pour en revenir à nos futures éventuelles retrouvailles, j’ai la certitude que si je le revoyais, j’aurais un immense pincement au cœur et, me connaissant, je serais encore capable de me jeter dans ses bras. L’amour ne disparaît malheureusement pas en claquant des doigts, ce serait beaucoup trop facile. Je dis ça, mais en réalité, je pense que mon cousin m’en empêchera. Il l’avait déjà eu mauvaise lorsqu’il avait appris que j’avais dit oui à la demande de mariage de Tobbias. Il ne me laissera pas faire deux fois la même bêtise. Bon tais-toi cerveau maintenant !

Aujourd’hui, dans mon super programme de la journée, j’avais prévu en me levant d’aller au parc pour lire le bouquin que je venais d’aller acheter à la librairie. L’intitulé ? « L’empire des anges » de Bernard Werber. D’après le résumé, ça parle d’un homme qui vient de mourir et qui se rend au paradis afin de jouer un rôle d’ange gardien de trois personnes en leur laissant toujours leur libre arbitre. Ce livre a vraiment l’air passionnant ! Logique d’un côté, je ne l’aurais pas pris s’il ne me tentait pas.

J'allais visiter comme d’accoutumée les différents bâtiments anciens dont se composent New Heaven. J’appréciais vraiment ce moment de ma journée où je découvrais chaque fois des nouvelles formes d’art. En parlant de ça, j’avoue que mes études me manquent parfois, mais il est trop tard pour revenir en arrière. Et puis si je retournais là-bas, j’aurais beaucoup trop de mauvais souvenirs, ce n’était pas une bonne chose pour moi. Sortant de mes pensées, j’analysais l’endroit où je me trouvais et aperçus un banc un peu plus loin. Je me dirigeai vers celui-ci et y posai mes fesses le temps de finir mon sandwich tout en prenant mon GSM afin d’envoyer un sms à mon cousin, Win.

Citation :: Salut Winny ! On se retrouve à 16h au Donald Mahoney Parc. Et pas la peine de dire que tu es débordé par le travail, tu n’as pas le choix ! Tu sais bien qu’il ne faut pas contrarier les femmes enceintes hein. ;-). Bisous.

Oui j’avais pour habitude de ne pas lui laisser le choix lorsqu’il s’agissait qu’on se retrouve simplement parce qu’il était très occupé en ce moment. Le travail ou ses recherches pour martyriser mon ex fiancé ? J’en avais aucune idée pour tout dire, mais qu’importe. Ca faisait déjà un petit temps qu’on ne s’était plus vus et il me manquait. Je me sentais si seule dans cette ville que j’en remettais souvent en cause ma vie sociale. Il serait temps que je fasse plus de connaissances, et ça incluait donc, ne pas rester cloîtrer dans mon monde et arrêter de broyer du noir… En plus avec mon ventre qui prenait de plus en plus d’ampleur, ça n’arrangerait pas mes approches. Au revoir gente masculine, on se reverra dans 6 mois, le temps que je retrouve ma ligne…

Une fois mon sandwich fini, je jetai un coup d’œil à ma montre Guess qui m’indiqua 14h30. Ca alors, je n’avais pas vu le temps passer ! Il ne me restait plus beaucoup de temps pour aller au parc qui n’était pas tout près. Il allait falloir me dépêcher et pas qu’un peu. En me levant, je secouai ma veste afin d’en retirer les miettes de pain. Je pris mon sac en veillant bien à regarder derrière moi si je n’avais rien oublié et partis en direction du parc pour ne pas arriver en retard.

Heureusement que le soleil était de la partie, ça enjolivait cette douce journée d’été. J’atteignis plus rapidement que je ne le pensais le parc. Je fis un tour complet sur moi-même afin de dénicher un banc où je pourrais m’asseoir en attendant l’arrivée de Win. Je regardai un instant ma montre, 15h45. Il ne devrait plus trop tarder normalement. Ne voyant pas de banc libre, je remarquai un arbre sur lequel je pourrais m’appuyer. J’avançai vers celui-ci et me penchai afin de m’asseoir. M’adossant contre son tronc, je sortis le livre de mon sac et tournai la première page, attendant l’arrivée de mon cousin.

HJ : Désolé c'est pas terrible.

« Je ne veux pas le savoir. Vous venez travailler un point c’est tout. » Encore un employé qui me donnait une excuse bidon pour ne pas venir bosser. Sois disant que sa fille était malade, comme si j’allais le croire. Ce n’était qu’une excuse parmi tant d’autre, il aurait pût simuler une rage de dents, une forte fièvre ou sa femme en train d’accoucher, mais non, il avait préféré utiliser sa jeune fille, pathétique et lâche. Et moi, ceux qui essayaient de me rouler, je les reniflais à des kilomètres, je n’avais pas senti dans sa voix une once d’inquiétudes d’affolement à l’idée que sa fille soit malade. Son ton parlait de lui-même. Les gens pouvaient s’avérer être pathétique parfois, ce n’était pas beau à voir. Allait t’il venir ? Je m’en fichais pas mal, s’il ne venait pas, sa journée sera retirée de sa fiche de paie, donc rien à foutre. De toutes manières, cette journée ne comptera pas dans son salaire, je n’aimais pas qu’on me mente. Tant pis pour lui, il n’avait qu’à pas essayer de me mentir. Je me rasseyais dans mon bureau. Mon bureau, ce beau bureau de luxe, le bureau du chef. Au dernier étage de l’entreprise. Je me sentais puissant. J’avais le contrôle, le contrôle, magnifique. Je regardais ma montre. 12h, aujourd’hui, je m’accordais mon après-midi, qu’est que ça pouvait faire, j’étais le chef. J’avais tous les droits. Je remis les papiers en place, les dossiers à leur place, j’enfilais mon manteau de cuir et quitta l’entreprise en sifflotant et en mettant la pression à mes pauvres petits employés.

« Je le prend. Merci ! » Un bref signe de tête et je payais en chèque mon nouveau home cinéma. J’avais besoin de changer, même si c’était le même que l’ancien, j’avais besoin de chose qui respirait le frais, la nouveauté, ça me prenait parfois. Dans quelques heures, il serait installé dans ma maison de riche et tout sera parfait. J’avais confié le double des clés de ma maison à ceux qui devaient installer cette nouvelle technologie en les ayant prévenus de ne rien essayer de voler ou quoi que ce soit, des caméras étaient en route H24 et la police ne devrait pas chercher loin s’il manquait quelque chose. Je les avais aussi prévenus que j’étais très possessif. Je pris ma voiture, fit un petit tour pour le fun et rentrais chez moi.

« C’est parfait ! Merci » J’admirais mon nouveau home cinéma, il était parfait, je remerciais les installateurs d’un geste de main et admira cette nouveauté qui ajoutait à ma maison une touche de luxe. Sans attendre, je m’installais sur mon fauteuil et me mis un film que j’avais envie de voir depuis plutôt longtemps. Le film semblait intéressant, dommage que quelqu’un vienne me déranger en plein milieux. Au milieu du film, la sonnerie de mon portable se mit à retentir dans la pièce. Dans un grognement furieux, je mis le film en pause et prit mon téléphone. C’était Elena, à voir son nom sur l’écran de mon mobile réussit à me calmer, Elena, c’était différent, c’était ma cousine, ma petite sœur et je tenais beaucoup à elle, surtout depuis que cet abruti de Tobbias l’avait mise en enceinte et abandonnée le jour de son mariage, d’ailleurs, il fallait que je pense à retrouver sa trace à celui là, je devais lui apprendre la vie, lui apprendre la galanterie, et lui apprendre à prendre des responsabilités. « Salut Winny ! On se retrouve à 16h au Donald Mahoney Parc. Et pas la peine de dire que tu es débordé par le travail, tu n’as pas le choix ! Tu sais bien qu’il ne faut pas contrarier les femmes enceintes hein. ;-). Bisous. » Je grimaçais, je savais à quel point les femmes enceintes pouvaient être désagréable, je n’en avais pas spécialement les frais mais tout le monde le savait. Et je n’avais aucune envie de contrarier ma cousine, dans un grognement, je pris mon manteau, éteignit ma télé et partit en direction du parc.

Arrivé à destination, je cherchais Elena des yeux, les mains dans les poches, en trainant des pieds, être là ne me faisait pas spécialement plaisir mais je sentais que j’avais un rôle auprès d’Elena, un rôle de grand-frère, de protecteur, toujours là pour elle, et là, en l’occurrence, elle semblait avoir besoin de moi. Je finis par l’apercevoir, assise sur un banc, en train de bouquiner. Je retirais mes lunettes de soleil et en mordit le bout des branches. « Toi et ta foutue grossesse. » J’avais dis ça avec plaisanterie, j’avais conscience qu’Elena n’avait pas choisis ça, c’était la victime de l’histoire. Quoi qu’il en soit, un habitant dormait dans son ventre et n’allait pas tarder à venir au monde, je l’aidais à se lever du banc pour lui faire la bise. Même si on ne pouvait pas qualifier son ventre de « gros », elle avait quand même quelques formes. « Tu vas bien ? » demandais-je en remettant mes mains dans les poches de mon jean.

Toujours plongée la tête dans mon livre qui me fascinait vraiment, je n’avais pas ni vu, ni entendu Windstord arriver. Lorsque j’entendis ses paroles, je reconnus tout de suite mon cousin, toujours avec son humour qui pouvait parfois paraître assez sarcastique. Je me doutais que je le faisais régulièrement, et désolée pour la vulgarité du mot qui va suivre, chier. Mais que voulez-vous, si ce n’est pas moi, qui d’autre s’en chargera ? Et puis, j’ai la certitude qu’au plus profond de son être, oui faut vraiment bien chercher, il m’adorait et que je lui manquerais si je n’étais plus de ce monde.

« Mais elle t’ennuie ma foutue grossesse ! On voit tout de suite que c’est pas toi qui portes un enfant dans ton ventre et qui dois subir tout un tas de sentiments et d’envies qui se contredisent sans cesse ! Tu vois il y a deux jours, j’avais une grosse envie de chips, je suis allée m’en acheter une cargaison et maintenant j’ai envie de chocolat et je n’en ai pas. C’est terrible avoue ! Sans compter toutes les fois où je dois me rendre aux toilettes pour.. enfin pas besoin de te faire un dessin, je suis sûre que tu comprends ce que j’veux dire ! » J’avais prononcé tous ces mots avec une extrême vitesse que j’en dus reprendre mon souffle à la fin, épuisée par ce long discours. N’allez pas croire que j’agressais mon cousin, non pas du tout. Je savais parfaitement qu’il avait dit ça sur le ton de la plaisanterie, mais mon côté susceptible et mes hormones ne faisaient pas bon ménage en ce moment, et ça allait encore durer quelques mois. Comment allais-je pouvoir survivre dans un état pareil ?

Je sortis de mes pensées lorsque j’aperçus une main devant mes yeux. C’était Win qui, d’une bonne intention (ou alors il n’avait pas envie de se pencher, au choix), voulait m’aider à me relever du banc afin de me faire la bise. Je me relevai donc à l’aide de sa main tout en m’appuyant sur l’accoudoir du banc pour faciliter la tâche. Pas facile des manœuvres pareilles quand on est enceinte, et dire que ça sera pire avec le temps. Je serai bientôt plus bonne à rien si ce n’est rester allongée dans mon lit. Pourquoi Dieu nous fait-il subir un tel enfer avec des grossesses, vous pouvez me le dire ?
Je fixai à nouveau mon attention sur mon cousin qui me demandait comment j’allais. Ah ah la bonne question ! Oui alors j’en suis à mon quatrième mois de grossesse, bientôt cinq, je sens que mon ventre gonfle à vue d’œil et je reçois en prime des coups de pieds assez régulièrement par mon enfant. Imaginez-vous, je me fais déjà battre pas celui-ci, plutôt précoce non ? Et dire que la plupart des mères sont heureuses quand elles en sont à cette étape-là, suis donc anormale ? Sinon je change d’avis et de goûts comme de chemises. En parlant de vêtements, tous les miens deviennent trop petits mais je n’ai pas envie d’aller faire du shopping. Et pour finir, j’attrape un caractère de chien. Je me demande encore comment Win arrive à me supporter depuis quatre mois. Est-ce qu’il me supporte au moins ? Se sent-il peut-être juste obligé d’être présent pour moi. Pfff je pense que j’me pose beaucoup trop de questions, ce qui engendre un stress et ce n’est pas bon pour l’enfant. Encore bien que je ne fume pas et ne bois qu’en de rares occasions.. Ah les joies d’engendrer la vie.. Tu parles oui !

« Comme une femme enceinte qui s’est faite plaquer le jour de son mariage. Et toi cher cousin ? » lui répondis-je finalement avec un fin sourire sur les lèvres. En attendant une réponse de sa part, je me rassis sur le banc tout en rangeant le livre, que j’avais déposé à côté de moi, dans mon sac afin de libérer la place au cas où Win voudrait s’asseoir à côté de moi. Chose qu’il allait sûrement faire, sauf s’il voulait rester là, debout, posté devant moi. Ce qui ne m’arrangerait pas vraiment à vrai dire. Vu sa taille et la mienne, j’allais me choper un torticolis. Je détournai un instant le regard afin d’observer les alentours du parc que j’avais appris à connaître par cœur depuis les quelques mois que j’avais passé ici. Il y avait un vieil homme solitaire qui lisait son journal. Un peu plus loin, c’était un couple qui s’embrassait tout en s’enlaçant amoureusement. Que je les enviais d’aimer, pourquoi n’avais-je pas eu droit à ce bonheur ? Chaque jour, je me posais cette question et jamais une seule fois je n’ai trouvé de réponses.

« J’espère que je ne t’ai pas dérangé avec mon message tout à l’heure. En tout cas, merci beaucoup d’être venu. Tu sais que tout ce que tu fais, ça compte énormément pour moi. Surtout que je sais que je ne suis pas ce qu’il y a de plus fréquentable en ce moment, donc bon. Je comprendrais tout à fait si tu avais besoin de prendre un peu de temps pour toi » .Je lui avais dit ça tout en le regardant dans les yeux. Je ne pouvais que lui être reconnaissante de tout ce qu’il avait fait pour moi depuis que Tobbias m’avait quittée et j’en étais souvent peu reconnaissante. Ou du moins, je ne prenais pas souvent suffisamment conscience de tout le temps qu’il me consacrait.

« Mais elle t’ennuie ma foutue grossesse ! On voit tout de suite que c’est pas toi qui portes un enfant dans ton ventre et qui dois subir tout un tas de sentiments et d’envies qui se contredisent sans cesse ! Tu vois il y a deux jours, j’avais une grosse envie de chips, je suis allée m’en acheter une cargaison et maintenant j’ai envie de chocolat et je n’en ai pas. C’est terrible avoue ! Sans compter toutes les fois où je dois me rendre aux toilettes pour.. Enfin pas besoin de te faire un dessin, je suis sûre que tu comprends ce que j’veux dire ! » Quelle chance j’avais d’être un homme, effectivement, je ne pouvais pas savoir ce que ça faisait que de porter un être dans son ventre, mais cela n’empêchait que oui, sa grossesse m’ennuyait. Limite, elle m‘engueulait Je levais un sourcil avant de sourire, elle était drôle quand elle se mettait en colère. Mais la voir se mettre dans des états là me donnait encore plus envie de retrouver ce maudit gars qui l’avait mise enceinte. Comment avait t’il osé ? En plus, il l’avait abandonné le jour de son mariage, je me souviendrais toujours de la tête qu’avait faite Elena quand celui-ci ne s’est pas présenté devant l’autel, elle avait l’air abattue, et là, je me suis juré de tout faire pour la venger, il ne faut pas toucher aux cheveux de ceux que j’aime, et Tobbias allait bientôt le comprendre. Je me mis à imaginer toute sorte de torture, peut être devrais-je me ré-entrainer aux arts martiaux, il fallait qu’il comprenne la leçon tout de même, il n’aurait pas qu’un avertissement, je voulais qu’il s’en souvienne toute sa vie de cette correction que j’allais lui faire. Je me mis à rire tout seul devant ma cousine. Je sortais de mes pensées pour reprendre mon sérieux. « Eh oh ! Si tu veux engueuler quelqu’un, engueule l’autre crétin qui t’a foutu ce gosse dans le bide ! » Il mériterait bien plus que de se faire engueuler, il méritait carrément la torture pour moi. Après cette phrase, je souris à ma cousine. Je ne voulais en aucuns cas blesser Elena avec cette phrase, c’était toujours sur le ton de la plaisanterie. Je voulais juste lui rappeler que c’est ce foutu Tobbias qui lui a pourri la vie en mettant ses petites graines dans son ventre, c’est vrai quoi, un gosse … Elena était encore jeune et je ne la sentais pas prête à élever un enfant. Peut être qu’elle ne s’était pas encore faite à l’idée. Enfin, si, elle était bien obligée de s’y faire. Mais ce gosse était si subitement arrivé, personne ne s’y attendait, et apprendre cette nouvelle me donnait encore plus envie de torturer ce pauvre Tobbias. Ah ah, qu’est que j‘avais hâte de le rencontrer celui-là.

« Comme une femme enceinte qui s’est faite plaquer le jour de son mariage. Et toi cher cousin ? » Humour sinistre. Je me doutais qu’elle n‘allait pas si bien, j’avais posé cette question comme ça, pour être poli. Je m’assis à côté d’Elena et leva la tête vers les cieux. « S’il te plait Elena, ne dis pas ces choses devant moi, ça me donne encore plus envie de torturer ce Tobbias. » Elena était t’elle encore amoureuse de ce dernier ? Je n’étais pas sûr de ses sentiments, je n’étais pas dans sa tête. Ce qui était certains, c’est que lui ne l’a jamais aimé, si il était sorti avec elle, c’était juste pour le fric, pour avoir sa part, mais moi, je l’avais flairé de loin, très loin, je l’avais vu venir, même si je fus très surprise de le voir partir en courant le jour du mariage. Je savais que ce n’était pas un type bien, ce n’était rien d’autre qu’un sale profiteur et je comptais bien venger ma petite cousine en lui rendant la monnaie de son billet. « Sinon, moi je vais bien. » La vie était parfois injuste, elle s’était fait plaquée, elle était enceinte, elle allait mal et pour moi, ma vie était parfaite, j’avais un nouveau home cinéma, une grande et belle maison, des employés sous pression, la vie parfaite quoi. « J’suis désolé » dis-je sur un ton compatissant en passant mon bras sur ses épaules comme pour la réconforter. Je la plaignais sincèrement. Elle ne méritait pas ce qui lui arrivait.

« J’espère que je ne t’ai pas dérangé avec mon message tout à l’heure. En tout cas, merci beaucoup d’être venu. Tu sais que tout ce que tu fais, ça compte énormément pour moi. Surtout que je sais que je ne suis pas ce qu’il y a de plus fréquentable en ce moment, donc bon. Je comprendrais tout à fait si tu avais besoin de prendre un peu de temps pour toi » Dire qu’elle ne m’avait pas dérangé serait mensonge, elle m’avait dérangé, certes, mais je la comprenais, ça ne devait pas être facile d’être enceinte. Et je préférais m’occuper d’elle plutôt que de regarder un film sur un nouveau home cinéma. Elena était bien plus importante. Il était normal que je me bouge pour elle, je n’étais pas son cousin pour rien, puis même, j’avais comme un devoir envers elle, le devoir de la protéger, c’est comme ça que je voyais les choses. Je passais mon doigt sur sa joue comme pour l’apaiser, on aurait dit un jeune couple … « T’en fais pas pour moi. C’est toi la plus importante … »

« Engueuler Tobbias ? Tu crois que je ne l’aurais pas déjà fait si j’en avais eu l’opportunité ? Même si je n’ai pas ta force de caractère, il ne s’en serait jamais sorti comme ça si j’avais eu l’occasion de le voir. Je suis une fille, mais je sais me défendre faut pas croire ! ». répondis-je en me redressant, buste en avant comme pour me grandir tout en fronçant les sourcils avec un regard meurtrier. Puis sentant que je devais paraître peu crédible je repris ma position initiale en rigolant de moi. « J’ai l’air ridicule comme ça hein ? ». Oui j’avais dit ça sous forme de question, mais je savais déjà la réponse. Être méchante n’était pas dans mes moyens, même avec le pire salaud qui puisse exister (pour ne pas le citer, Tobbias). La seule chose dont je pourrais être capable en sa présence, ce serait de m’effondrer en lui demandant « Pourquoi ? Pourquoi moi ? », plutôt radical comme confrontation n’est-ce pas ? Heureusement que Win était là pour me soutenir, même si je n’approuvais pas toujours ses méthodes, je savais qu’il saurait parfaitement me venger et lui faire regretter ce qu’il m’avait fait. Et déjà là, j’y trouvais une certaine satisfaction, il comprendrait ce que ça faisait que de souffrir, de se faire humilier devant toute sa famille. Car oui, quelle ne fût pas la surprise de mes parents lorsqu’ils se rendirent compte que le marié avait disparu. Même Win, qui était déjà très méfiant à son égard ne s’était pas attendu à ce qu’il me fasse ça le jour de mon mariage, c’est pour dire l’humiliation. Je ne voulais plus voir personne, juste rester enfermée dans ma chambre et me laisser mourir. Mais mon cousin n’avait pas entendu ça de cette oreille, oh que non. Je n’avais pu lui refuser d’entrer dans mon appartement à Chicago, bien sûr, j’avais tenu bon trois, quatre jours, mais sa persévérance avait eu raison de moi.

Je reposai mon attention sur mon cousin qui me révéla son envie de torturer Tobbias, vous voyez quand je vous dis que j’aurai ma vengeance. « Oui d’ailleurs, en parlant de ça, n’y vas pas trop fort quand même s’il te plait. Il s’agit tout de même du père de mon enfant. Et même si Tobbias mérite une bonne leçon, je ne veux pas qu’il grandisse sans avoir connu son père. Ce ne sera déjà pas facile de l’élever toute seule, je n’ai pas envie de compliquer les choses. Tu t’imagines lorsqu’il me demandera qui est son papa, pourquoi il n’est pas avec nous. Ce sera affreux comme situation. » dis-je dans un soupir. Ma bonté humaine avait finalement repris le dessus sur la rancune que je portais à mon ex fiancé. Que voulez-vous, on est bon, ou on ne l’est pas. Et puis une autre question me traversait parfois l’esprit. Allais-je vraiment élever seule mon enfant ? Ou trouverais-je un homme bien qui m’acceptera moi et mon bambin ? Enfin, de toute façon, je n’avais pas la tête à retrouver quelqu’un pour le moment, et même dans le cas contraire, je savais que ce n’est pas avec un ventre rond que je pourrais plaire à quelqu’un.

Lorsqu’il répondit qu’il allait bien, j’esquissai un faible sourire. Au moins il y avait quelqu’un qui se portait bien chez les Sparkle, c’était déjà pas si mal. Alors que je m’apprêtai à lui rétorquer que j’étais contente que tout aille bien pour lui, il me devança en s’excusant. De quoi devait-il être désolé ? D’être heureux ? Il n’y avait aucune raison, c’est pas parce que j’étais dans un état de "presque" dépression qu’il devait en être de même pour lui. « Hé, ne sois surtout pas désolé s’il te plaît. Qui me remonterait le moral si t’étais déprimé aussi hein ? » dis-je avec un brin d’humour. L’humour qui ne faisait plus autant partie de mon quotidien alors qu’il fût un temps où je ne savais pas passer une journée sans lâcher une petite blague par-ci, par-là. Que les temps avaient changé !
Je sentis qu’il passa son bras sur mes petites épaules afin de me réconforter. Bien que je ne supporte pas de me sentir faible et que les gens aient pitié de moi, sa compagnie et sa présence me faisait un bien fou. Je posai délicatement ma tête sur épaule tout en regardant les quelques nuages qui couvraient le beau ciel bleu de ce temps d’été. Je pris une profonde inspiration afin de sentir l’air pur de ce parc envahir mes poumons, que ça faisait du bien. J’affectionnais beaucoup cet endroit pour son calme qu’on ne trouvait plus beaucoup dans cette ville. Le seul autre endroit dans le même genre, c’était le lac, également un lieu paisible, idéal pour se ressourcer.

Il passa son doigt sur ma joue pour m’apaiser, ce contact inattendu me fit frissonner. J’avais commencé à perdre l’habitude de me faire toucher par un homme, c’était devenu étrange comme sensation. Même si les gens autour de nous pouvaient penser qu’on était un couple dû à notre proximité et notre complicité unique en son genre, il n’y avait pourtant aucune ambiguïté entre nous. Tout avait toujours été très sain entre entre lui et moi. Et pourtant, on ne pouvait pas dire qu’il était repoussant, loin de là. En d’autres circonstances, s’il n’avait pas été mon cousin, peut-être que…Non même pas en fait, du moins je ne pense pas, je ne voudrais perdre pour rien au monde ce lien fraternel qui nous unit.
Lorsqu’il prononça les mots « T’en fais pas pour moi. C’est toi la plus importante… », tout à coup, je sentis les larmes me monter aux yeux. Saleté d’hormones qui me jouaient encore des tours. Moi qui ne supportais pas de verser une larme, j’avais mon compte depuis quatre mois. Même lors de films romantiques, je me mettais à pleurer comme une madeleine, c’est pour dire.
Ne voulant pas faire transparaître mon émotion, au cas où il aurait remarqué mes larmes, je rétorquai tout en frottant mes yeux « Désolée, j’ai une crasse dans l’œil, ça fait un mal de chien ce truc ! Enfin merci beaucoup Win, c’est touchant ce que tu dis » dis-je tout en déposant un petit bisou sur sa joue avant de reposer à nouveau ma tête sur son épaule.

« Engueuler Tobbias ? Tu crois que je ne l’aurais pas déjà fait si j’en avais eu l’opportunité ? Même si je n’ai pas ta force de caractère, il ne s’en serait jamais sorti comme ça si j’avais eu l’occasion de le voir. Je suis une fille, mais je sais me défendre faut pas croire ! » Je haussais les épaules, je ne doutais pas d’Elena, seulement, j’aurais bien aimé qu’elle soit plus en rage, je m’attendais à quelque chose de plus grand de sa part. Je ne la comprenais pas trop. « Je n’ai jamais dis que tu ne savais pas te défendre. » Je savais très bien que Tobbias l’aurait senti passer si Elena s’en était mêlé, il s’en serait même souvenu. Seulement, ma jeune cousine ne semblait pas faire grand-chose pour se venger. Soit, j’allais la venger à sa place. Quoi qu’il arrive, quelqu’un vengera la jeune héritière. Si elle ne se bougeait pas pour le faire, je le ferais à sa place.

« Oui d’ailleurs, en parlant de ça, n’y vas pas trop fort quand même s’il te plait. Il s’agit tout de même du père de mon enfant. Et même si Tobbias mérite une bonne leçon, je ne veux pas qu’il grandisse sans avoir connu son père. Ce ne sera déjà pas facile de l’élever toute seule, je n’ai pas envie de compliquer les choses. Tu t’imagines lorsqu’il me demandera qui est son papa, pourquoi il n’est pas avec nous. Ce sera affreux comme situation. » Je ne comprenais pas son point de vue. Tobbias l’avait quand même mise enceinte et abandonné devant l’autel, le jour qui aurait dû être le plus beau jour de sa vie. Ça, elle allait s’en souvenir de cette date, mais pas dans le bon sens. Ils auraient dû être heureux, avoir de baux enfants, une belle petite famille, mais non, Tobbias avait frappé, tout ce qui l’intéressait, le fric, rien d’autre. Il avait fait quelque chose que je ne pouvais pas tolérer. Il allait payer. Certes, Tobbias était le père de ce petit truc qui grandissait chaque jour dans le ventre de ma cousine, mais quand même, est qu’il méritait d’être connu de son enfant ? Est que le petit aimerait savoir que son père est un beau salop ? Est que Tobbias voudra connaître son enfant ? C’était en parti à cause de lui qu’il étai parti le jour de son mariage. Ce petit embryon avait ruiné tous ces plans. Dommage pour lui, mais je remerciais, ce type pour ne pas s’être protégé, il aura fait au moins quelque chose de bien. Tout ça pour dire que je ne concevais pas son point de vue. « Elena … » lançais-je comme pour la contredire, puis je me levais pour protester : « Tu ne t’es pas encore rendu compte qu’il en avait rien à foutre de toi et encore moins connaître son enfant ? C’est à cause de lui, de ce bébé qu’il t’a abandonné le jour de ton mariage. Il n’en a rien à foutre !! » Et ça, il fallait qu’elle se le rentre dans le crâne une bonne fois pour toute. Je me rassis ensuite pour me tourner vers Elena. « Puis si ton gosse te demande qui est son père, tu n’auras qu’a dire que c’est un homme ignoble et tout et tout. » Je savais très bien que son enfant vivrait mieux sans connaître son géniteur. Puis, peut être que d’ici là, Elena aura trouvé un homme bien qui l’aimera pour elle et non pour son argent, un homme bien qui m’inspirera confiance et qui sera capable d’élever un enfant comme si c’était le sien, voilà ce qu’il fallait à Elena, et Tobbias n’avait rien de ce profil.

« Hé, ne sois surtout pas désolé s’il te plaît. Qui me remonterait le moral si t’étais déprimé aussi hein ? » Je n’étais pas déprimé u tout, j’étais juste désolé pour ce qui arrivait à ma petite cousine, sa vie n’était pas facile en ce moment, elle ne devait pas être facile du tout même. Même si elle n‘avait pas de boulot, la jeune femme était connue pour son argent. Une Sparkle, l’héritière bourrée aux as, cible des plus gros menteurs de la ville. Je ne voulais pas qu’elle tombe une fois de plus dans le piège. « Oh mais je ne suis pas déprimé, juste désolé de ce qui t’arrive. J’imagine que ce n’est pas facile. » Ce que je venais de dire était très idiot.

« Désolée, j’ai une crasse dans l’œil, ça fait un mal de chien ce truc ! Enfin merci beaucoup Win, c’est touchant ce que tu dis » Je n’avais pas dis ça pour la faire pleurer, rien de tout ça, je ne voulais pas qu’elle pleure. J’avais juste dis la vérité, tout ce qui importait était la santé d’Elena, elle avait tout de même un bébé dans le ventre. Moi, ma vie était parfaite, qui s’en souciait ? Personne.

Quand Win me fit la morale sur ma réaction bien trop gentille à son goût par rapport à l’attitude de Tobbias, je pris mon visage dans mes mains tout en l’écoutant. Je sentais mon moral diminué petit à petit, se réduire au néant. Je me voilais beaucoup trop la face, il avait raison. Tobbias ne voulait ni de moi, ni de notre enfant, tout ce qui l’avait intéressé chez moi, c’était mon argent. Mais qu’est-ce que ça pouvait faire mal de l’entendre, Win avait été direct avec moi pour me faire réagir, pour m’aider à retrouver la raison. Quand on dit que l’argent ne fait pas le bonheur, je comprends de mieux en mieux cette citation avec le temps. Tout ce qu’on peut y gagner avec ça, c’est des menteurs, des hypocrites. On a peut-être le matériel, mais on y perd les choses les plus importantes de la vie, l’amour, l’amitié. Oui je suis née avec une cuillère en argent dans la bouche, mais voyez où cela m’a menée. Personne ne peut envier ma vie. Même moi, je la maudis jour après jour. Ai-je des amis ? Des gens qui m’aiment pour ce que je suis et qui se soucient sincèrement de moi, hormis ma famille ? La réponse est non.

« J’ignorais qu’il m’avait quittée pour ça pour tout te dire. Comment peut-on faire semblant d’aimer pendant aussi longtemps Windstord ? » demandais-je en baissant la tête. Je n’arrête pas de me dire que j’ai été si stupide d’y croire de la sorte. Mais honnêtement, il n’y avait, selon moi, aucun signe annonciateur d’une fin comme ça. Il avait toujours été si tendre, affectueux, prévenant avec moi. Comment pouvait-on jouer la comédie ainsi ? N’avait-il aucun cœur, pas une fois n’a-t-il regretté sa façon d’agir. Tout un tas de questions, qui me faisaient souffrir davantage, me traversaient alors la tête.
Je reportai mon regard sur Win qui me conseillait de dire la vérité à mon enfant sur la vraie nature de son père. Mais qui avait envie d’entendre une chose pareille sur l’identité de son père ? De savoir qu’il nous avait quitté à cause de lui, qu’il n’avait jamais éprouvé le moindre sentiment à notre égard ? « Ce sera peut-être facile à dire, et encore, mais sûrement pas facile à entendre, tu sais. ».

Une chose qui me trottait la tête depuis un petit temps me traversa à nouveau l’esprit. J’avais une question à demander à Win, je ne pensais qu’à lui pour avoir ce rôle. Maintenant, il fallait encore qu’il daigne l’accepter. Vu l’amour qu’il porte aux humains, je n’étais pas sûre qu’il soit fort d’accord. « Dis Win… Ca fait un petit temps que je pense à un truc… » dis-je tout en chipotant à une mèche de cheveux et me mordillant la lèvre, un tic que j’avais depuis toute petit qui signifiait que j’étais assez nerveuse, anxieuse. « Est-ce que tu voudrais être le parrain de mon enfant ? ». Je restais persuadée qu’il serait un parrain parfait, malgré les défauts qu’ils avaient, pour le petit être qui grandissait en moi jour après jour.

Je regardai à nouveau le couple qui s’était enlacé tout à l’heure. Ils étaient à présent assis dans l’herbe, respirant de bonheur. C’était si beau à voir, ça donnait vraiment envie d’être à leur place. Mais finalement, combien de temps seraient-ils aussi épanouis ? Le bonheur est si éphémère. Je posai mon regard sur Win qui avait l’air dans ses pensées. « Quel homme digne de ce nom voudrait de moi dans cet état-là dis-moi ? » demaindais-je en esquissant un faible sourire. A part un homme qui n’en veut, une fois encore, qu’à mon argent, je ne vois pas absolument où je pourrais trouver la perle rare. Au moins, est-ce que mon « prince charmant » existait quelque part sur cette terre ? Je n’en ai pas la moindre idée et au vu du passé, je n’espérais même plus le rencontrer un jour. Tous les hommes sont pareils à notre époque. Vous allez me dire que je suis devenue défaitiste mais croyez-moi, quand on a aussi peu de chance avec la gente masculine, on commence à perdre tout espoir, aussi infime soit-il.

Win m’expliqua qu’il n’était pas déprimé, juste désolé de tout ce qui m’arrivait. Non ce n’était pas facile à vivre, j’éprouvais beaucoup de mal à surmonter cette difficulté-là. Mais après tout, ne dit-on pas que celui qui se relève est plus fort que celui qui n’est jamais tombé ? J’ose espérer que ce proverbe dit vrai car le temps commence à se faire long et j’ai l’impression que mon état ne s’améliore absolument pas. « C’est sûr que j’ai connu mieux, mais ça va aller. Sinon toi, tu n’as toujours pas trouvé une fille qui arrivera à supporter ton sale caractère » demandais-je avec un sourire malicieux. Je préférais changer de sujet plutôt que de continuer à s’apitoyer sur mon sort comme on était en train de le faire depuis le début de notre conversation.

Je ne savais pas trop quoi dire ni quoi faire aujourd’hui en présence de ma petite-cousine. J’avais toujours l’impression que je disais quelque chose que je ne devais pas dire. Mais j’étais juste franc et je voulais faire ouvrir les yeux à Elena. Il était évident que Tobbias n’en avait strictement rien à foutre. Et ce qui me gênait le plus, c’est que le gosse qui grandissais jour après jour dans le ventre de la jeune femme me ferait penser à cet ignoble individu. Réussirais-je à l’aimer ce gosse. Ce serait quand même mon neveu, si je ne me trompais pas dans les noms généalogiques. A chaque fois que je le verrais, je verrais... celui qui a brisé le cœur de l’être le plus cher à ma vie. Je doutais vraiment. Bref, revenons sur le sujet qui nous intéressait. Elena me faisait vraiment mal au cœur et je me sentais mal vis-à-vis d’elle. « J’ignorais qu’il m’avait quittée pour ça pour tout te dire. Comment peut-on faire semblant d’aimer pendant aussi longtemps Windstord ? » Oh merde ! Visiblement, elle ne semblait pas au courant, je venais de lui dire peu être trop brutalement les raisons de la fuite de son ex futur mari. Je haussais les épaules, la conscience tranquille, je n’avais rien à me reprocher moi, peut être avais-je annoncé ça de façon un peu trop ... brutale mais au moins, elle ne se voilera plus la face, et ça l’aidera à aller de l’avant. Ah la la, parfois, la vie se montrait compliquée, plus que nous l’avions imaginé. « Comment peut-on faire semblant d’aimer pendant aussi longtemps Windstord ? » Bonne question, certains se trouvaient être bons acteurs. Je regardais Elena avec compassion avant de lancer dans un long soupir. « Je n’en ai aucune idée. »

Je ne savais pas comment réagir et je me sentais impuissant face à la situation, je ne voyais pas comment aider mon amie et je me sentais profondément nul, ce n’ était pas ce que j’étais hein, mais je me sentais comme tel. Je me grattais nerveusement les cheveux. « Ce sera peut-être facile à dire, et encore, mais sûrement pas facile à entendre, tu sais. » Je ne disais pas le contraire, je me doutais que pour l’enfant, ce serait un moment difficile, mais les petits oubliaient vite leurs rancœurs, et puis, au fur et à mesure qu’ils grandissaient, ils comprenaient. L’enfant d’Elena ne remettrait pas la faute sur sa mère, sauf si il avait hérité de la débilité de son cher père. C’était ce qui m’effrayait, et si il devenait comme son père. Quel désastre. Je me mis à réfléchir, à imaginer la vie d’Elena avec son enfant. Le voir grandir, ce serait comme voir grandir Tobbias pour elle, en le regardant, elle regarderait Tobbias, ce sera vraiment un moment douloureux pour elle, et quoi qu’il arrive, je serais là pour la soutenir. En guise de répondre, je haussais les épaules, je n’avais pas de réponses à cela, le temps nous le dira. Qui vivra verra.

« Dis Win… Ça fait un petit temps que je pense à un truc… Est-ce que tu voudrais être le parrain de mon enfant ? » Cette demande tomba comme un cheveu sur la soupe, et je me sentais coincé. Est que j’aimerais ce gosse ? Cette question me travaillait, mais je ne voulais pas faire part de mes inquiétudes à Elena, je la jugeais déjà bien assez mal comme ça. Je haussais les épaules et fis mine d’être serein : « Je n’y vois pas d’inconvenants » Malgré l’inquiétude que m’avait provoqué cette annonce, j’étais tout de même heureux que ma petite cousine ait pensé à moi. Ce n’était pas tous les jours qu’on me demandait d’avoir un lien avec un enfant. Si cela pouvait faire plaisir à Elena, je ne voulais pas la contrarier.

« Quel homme digne de ce nom voudrait de moi dans cet état-là dis-moi ? » Un sourire étira mon visage, Elena était bien trop pessimiste et, à l‘entendre, tout était noir. Il n’y avait pas que des beaux salops sur Terre. Notre planète portait aussi des gens bien qui ne pensaient pas qu’au fric. Je haussais une nouvelle fois les épaules avant de répondre innocent : « Un homme digne de ce nom ! »

« C’est sûr que j’ai connu mieux, mais ça va aller. Sinon toi, tu n’as toujours pas trouvé une fille qui arrivera à supporter ton sale caractère » Ma cousine cherchait sans doute à changer de sujet et c’était tout à fait compréhensible. Elle avait besoin de parler d’autre chose, et ma vie amoureuse semblait l’intéresser apparemment, malheureusement pour elle, ou plutôt heureusement, je n’en avais pas de vie amoureuse, seulement une vie sexuelle, et pour l’instant, tout ça me satisfaisait. Je fis la grimace à Elena quand elle parlait de « sale caractère » Tout ça n’était que mensonge, quoi que... Non. Beaucoup de gens pour ne pas dire tout le monde confirmait que j’avais mauvais caractère. Bref. « Non je n’ai pas trouvé. Je n’ai pas cherché non plus. »

Je grimaçai à la réponse de mon cousin. A quoi m’étais-je attendue ? Je savais parfaitement qu’il n’en avait aucune idée, mais bon, j’avais senti le besoin de lui poser cette question alors que j’avais tout simplement fait. Je baissai la tête, regardant mes pieds, le regard quelque peu absent pour tout dire. J’essayais de faire le vide dans ma tête, j’en avais marre de ressasser tous ces mauvais souvenirs qui me pourrissaient tant la vie. Il fallait vraiment que je passe à autre chose et reprenne en main mon avenir. C’est pourquoi j’avais fait la demande à Win de devenir le parrain de mon enfant. Lorsqu’il répondit qu’il n’y voyait pas d’inconvénients, j’esquissai un fin sourire, heureuse qu’il accepte la proposition. Même si je m’étais attendue à plus d’enthousiasme, je ne pouvais pas trop lui en demander, il avait été pris de court le pauvre.

Un rire jaune s’échappa de ma bouche quand Win prononça les mots « Un homme digne de nom ! ». Je ne m’attendais pas à ce qu’il me sorte un nom, mais j’escomptais une meilleure réponse que celle qu’il venait de me fournir. « Soyons honnête, je suis devenue grosse, chiante, ça je l’étais peut-être déjà avant, je change d’avis comme de chemises, etc. Ah oui et le plus important, j’attends un gosse ! Tu crois sincèrement qu’un homme me voudrait telle que je suis actuellement ? Si tu en connais un, présente le moi tout de suite ! Et ne viens pas me dire que je suis pessimiste s’il te plait ! ». Bien que déçue par les hommes, jamais je n’ai pensé un seul instant que tout les autres étaient des Tobbias. Fort heureusement d’ailleurs, les femmes seraient vouées à finir leur vie malheureuses et déprimées.

J’appréciais beaucoup de sa part qu’il accepte sans broncher de changer de sujet. Surtout pour parler de sa vie amoureuse. « Non je n’ai pas trouvé. Je n’ai pas cherché non plus. ». Depuis le temps que je le connaissais, je savais qu’il n’avait jamais été pour les relations sérieuses, préférant plutôt les coups d’une nuit. D’un côté, il n’avait pas tord, ça lui épargnait la souffrance qui rime souvent avec le mot amour. Mais de l’autre côté, il perdait tout un tas de choses, qui je suis persuadée, lui ferait un bien fou. Il se dériderait un peu de cette façon. Certes, il savait plaisanter, rire et tout ce que vous voulez, cependant, il affichait toujours son air sérieux, professionnel, digne d’un Sparkle. Une petite romance ne lui ferait pas de tord, moi j’vous le dis. Mais allez-y pour le caser, lui qui aime tant son indépendance.
Je lui pinçais gentiment la joue en prenant un petit air malicieux et lui répondis « Il serait peut-être temps que tu cherches cher cousin ! 28 ans, tu commences à te faire vieux, les rides vont se faire plus nombreux et tu plairas beaucoup moins aux femmes sais-tu ! Alors autant commencer tes recherches tant que tu es encore beau ! N’oublie pas que la pérennité des Sparkle ne dépend que de toi. Ça te donne une fameuse responsabilité je sais, mais je suis sûre que tu sauras t’y atteler parfaitement bien ! ». J’affichai un grand sourire taquin. Il savait que je plaisantais, quoique, je pensais vraiment ce que je lui avais dit, mais je n’allais pas non plus lui imposer une femme. De un, ce n’était pas mon genre. De deux, pour exiger quelque chose de Win, il fallait être persévérant.

Je me postai face à lui tout en le regardant dans ses yeux bleus. Je posai mon index sur son torse d’un air menaçant, du moins autant que je puisse l’être. « Ne me dis pas que tu n’as pas trouvé une seule fille avec laquelle tu aurais envisagé plus qu’une simple partie de jambe en l’air ? D'ailleurs, j’espère au moins qu’elles sont au courant que votre relation s’achèvera dès le petit matin. Dans le cas contraire, tu me déçois fortement Win, les filles ne sont pas de vulgaires jouets tu sais ! ». Moi ? Fervente défenderesse de la gent féminine ? Peut-être, et alors ? Je voulais que Win sache le fond de ma pensée, et je n’étais pas du genre à garder ce genre de chose pour moi, j’aimais être franche, que ça plaise ou non. Dans ce cas-ci, que ça le fasse chier ou pas que je me mêle de ses affaires. Je suis une fille que voulez-vous ?! Et encore, je ne jouais pas encore mon rôle d’entremetteuse, chose typiquement féminin que les garçons subissent fréquemment. Et vas-y que je te case avec mon amie et est-ce que t’as vu la serveuse, etc. Oui je suis sûre que vous vous reconnaissez dans ces phrases mesdemoiselles.

Pour ne pas voir mon cousin prendre ses jambes à son cou, je décidai de changer, une fois encore de sujet. Je sais qu’il n’aimait spécialement parler des filles, mais je suis sa cousine après tout. J’avais le droit de me renseigner sur ce sujet si…tabou chez Win. Moins on en parlait, mieux il se portait. Prouvé scientifique j’vous assure ! « Et sinon, le boulot en tant que directeur de Sparkle’s security, ça se passe bien ? Tes employés sont-ils à la hauteur de tes exigences ? Ou tu les gardes parce que tu ne trouves pas mieux ? » dis-je tout en me rasseyant sur le banc et croisant mes jambes.

HORSJEU ♣ Désolé c'est pourri >0<

« Soyons honnête, je suis devenue grosse, chiante, ça je l’étais peut-être déjà avant, je change d’avis comme de chemises, etc. Ah oui et le plus important, j’attends un gosse ! Tu crois sincèrement qu’un homme me voudrait telle que je suis actuellement ? Si tu en connais un, présente le moi tout de suite ! Et ne viens pas me dire que je suis pessimiste s’il te plait ! » Je levais les yeux au ciel avant de sourire. Peut être qu’elle était grosse, peut être qu’elle était chiante, peut être qu’elle changeait d’avis comme de chemises mais c’était à cause des hormones, elle était enceinte, il ne fallait pas l’oublier, les hormones se déchainent et ça accentue ses défauts, mais après l’accouchement, tout ça ne serait plus. « Ce que tu peux être négative. » lançais-je simplement avant de soupirer J’étais sûr qu’elle trouverait un homme bien avec qui elle passerait le reste de sa vie, il fallait juste qu’elle se bouge un peu le popotin. Après tout, Elena était une jolie femme, elle était complètement appréciable, certes, le fait d’avoir un enfant pourrait bloquer certaines personne de la gente masculine mais bon, certaines hommes bien savent passer au dessus de tout ça. Je décidais de ne rien ajouter de plus, de peur qu’Elena ne s’excite sur moi en m‘attaquant à coup de sac à main. « Puis t’es pas si grosse que ça » lui fis-je remarquer avant de clore ce sujet.

« Il serait peut-être temps que tu cherches cher cousin ! 28 ans, tu commences à te faire vieux, les rides vont se faire plus nombreux et tu plairas beaucoup moins aux femmes sais-tu ! Alors autant commencer tes recherches tant que tu es encore beau ! N’oublie pas que la pérennité des Sparkle ne dépend que de toi. Ça te donne une fameuse responsabilité je sais, mais je suis sûre que tu sauras t’y atteler parfaitement bien ! » je ne jugeais pas les paroles d’Elena blessantes, mais plutôt exagérées. J’approchais de la trentaine, ce n’était pas si vieux, j‘avais encore le temps de me trouver une gentille compagne et de lui faire un enfant. Mais d’un côté, Elena n‘avait pas tort, il fallait un petit gars pour reprendre la société Sparkle. Puis au pire, le fils d’Elena reprendra les rennes de la société s’il n’y avait pas d’autres solutions, même si ça me déplairait. Même si le petit avait du sang Sparkle dans les veines, il avait aussi du sang de Tobbias, ce qui me gênait le plus. « Oui bah c’est bon ! 28 ans c’est encore jeune, puis au pire, si je n’arrive pas à concevoir, c’est ton petit qui reprendra les rennes » dis-je dans un haussement d’épaules avant de sourire.

« Ne me dis pas que tu n’as pas trouvé une seule fille avec laquelle tu aurais envisagé plus qu’une simple partie de jambe en l’air ? D'ailleurs, j’espère au moins qu’elles sont au courant que votre relation s’achèvera dès le petit matin. Dans le cas contraire, tu me déçois fortement Win, les filles ne sont pas de vulgaires jouets tu sais ! » Je réfléchissais et passais en revue toutes mes conquêtes dont je me souvenais, non, aucunes, certes, elles étaient belles et nous recherchions la même chose, une bonne partie de jambe en l’air, pour nous faire plaisir à tous les deux, au final, tout le monde était content. Je fronçais les sourcils et repoussa gentiment Elena. « Eh oh, je n’oblige personne à coucher avec moins elles le font de leur pleins grés » Je n’aimais pas parler de ça, tout simplement parce que ça concernait ma vie privée et que ça ne regardait que moi.

« Et sinon, le boulot en tant que directeur de Sparkle’s security, ça se passe bien ? Tes employés sont-ils à la hauteur de tes exigences ? Ou tu les gardes parce que tu ne trouves pas mieux ? » Un sourire étira mon visage, j’aimais bien être a la tête de l’entreprise, c’était plaisant, très plaisant, j’adorais ça, faire peur à mes employés, les obliger à venir bosser, les voir souffrir derrière leur bureaux alors que moi, je ne fais que le strict minimum. Mais attention, être directeur, c’est plus dur que l’on ne le croit, il y a tout un tas de truc administratif à régler, c’est chiant, c’est difficile quand même. « Ca se passe très bien. Et toi petite héritière ? Quand te trouveras-tu un boulot ? »

Je fronçai les sourcils lorsque Win me dit que j’étais négative. Certes je ne voyais pas la vie en rose pour le moment, il ne fallait pas le nier. Mais tout ce que je venais de lui dire n’était que pure vérité, peut-être un peu accentuée par mes hormones mais bon. « Hum, non je ne suis pas négative, enfin peut-être un petit peu. Mais je dois t’avouer que tout ça me fait extrêmement peur Win, je ne sais pas comment je vais me débrouiller toute seule pour élever cet enfant. Je ne me sens absolument pas prête. » répondis-je en baissant le regard. J’avais honte d’annoncer ça comme ça, mais je ne pouvais pas cacher cette vérité qui me rongeait de jour en jour.
Quand mon cousin me dit que je n’étais pas si grosse que ça, j’esquissai un petit sourire. Même s’il pouvait être blessant à certains moments, il lui arrivait parfois d’avoir le mot qui donnait un petit plus de moral. « Merci Win ! »

« Oh c’est bon, te fâche pas pour si peu, tu sais bien que je disais ça pour rire. T’es encore jeune et encore, tu entres bientôt dans la trentaine, un âge qui plaît particulièrement aux femmes parce que la maturité d’un homme, il n’y a rien de plus sexy. Et si tu restes toujours aussi beau, tu vas faire craquer toutes ces dames…Du moins celles qui ne sont pas encore passées sous ta couette » dis-je en imaginant un instant la scène. Pfiou non bannissons en vitesse toutes ces pensées perverses qui ne me concernaient pas. Lorsqu’il me dit que mon enfant pourrait toujours prendre les rennes, une grimace s’afficha sur mon visage. Pas que je répugnai cette idée, mais lui par contre, ne devait pas l’apprécier plus que ça sachant qu’il y avait du sang de mon ex fiancé dans le fruit de notre "non-amour". Et je sais à quel point il est important dans notre famille que la descendance soit "pure". N’allez pas vous imaginez qu’on faisait de l’inceste pour préserver le sang noble qui coule dans nos veines, mais du sang d’un traître qui fait partie de mon enfant ne serait pas bien vu à mon sens. « Je ne pense pas que ce soit une si bonne idée tu sais. Je préfère le protéger et faire en sorte qu’il ne sache pas ce qu’est la vie d’un Sparkle. » En rien je ne regrettai mon enfance dans ma famille, mais j’en connaissais toutes les difficultés et je ne voulais pas de ça pour mon enfant. La médiatisation n’était pas de tout repos.

Un petit rire sortit de ma bouche lorsque Win m’expliqua qu’il n’obligeait personne à coucher avec lui et que les demoiselles le faisaient toujours de leur pleins grés. D’un côté, vu son physique, ce n’était guère étonnant. Quelle femme pourrait-elle dire non à ça ? Il plaisait, le savait parfaitement bien et en jouait sûrement beaucoup. Surtout vu son statut de riche hériter qui devait encore plus jouer en sa faveur. « Désolée, je ne voulais pas te mettre mal à l’aise avec ma question. » répondis-je en souriant. Je savais très bien qu’il n’aimait pas bavarder de sa vie privée et je le comprenais tout à fait. Il avait toujours eu l’habitude d’être fort discret à ce niveau-là et apparemment, ça n’était pas prêt de changer. Je croisai mes jambes tout en inspectant du regard le parc qui se remplissait petit à petit…Adieu tranquillité.

Du boulot ? Hum ça c’était la question que je me posai depuis un certain temps. Avoir un travail me permettrait de faire passer mes journées plus vite, de rencontrer des gens et peut-être un futur compagnon qui sait ? Mais je ne savais quoi faire de ma vie. Ce n’est pas que je n’avais pas d’ambition, loin de là même. J’avais toujours voulu devenir architecte paysagiste, je me voyais bien faire ça toute ma vie, moi qui aime tant l’art, je restai persuadée que c’était le métier qui me convenait le mieux. Et lorsque j’avais entamé ces études-là, j’avais pris conscience de ma vocation, de mon amour pour l’art. Cela étant dit, le problème ne résidait pas là. C’est lors de mes études que j’avais fait la rencontre de Tobbias et depuis, avec tout ce qui est arrivé par la suite, j’avais perdu goût à tout ça.
Je soupirai en sortant de mes pensées. Il n’y a rien à dire, le passé me rongeait toujours autant, même en essayant de faire le plus d’effort pour oublier tout ça. « A quoi bon trouver du boulot quand on n’en a pas besoin ? Après tout, les gens passent leur vie au travail pour gagner de l’argent et subvenir à leurs besoins. Et moi je n’ai pas de problème financier. » Je savais que ce que je venais de prononcer aurait pu sortir tout droit d’une personne imbu de sa personne, qui n’a pas la motivation de fournir le moindre effort quand tout est à sa disposition. Ce n’était pas dans mon caractère d’être comme ça mais je n’avais plus envie d’embêter mon cousin avec mes malheurs, il en avait déjà asse bavé comme ça le pauvre.

« Par pur hasard, toi qui habites ici depuis un petit temps déjà. Ne connaitrais-tu pas un groupe de soutien pour femmes enceintes et seules qui plus est. Ca doit bien exister ici et je pense que ça me ferait le plus grand bien de côtoyer des femmes comme moi. » lui demandais-je en levant la tête vers les nuages qui formaient des formes toujours aussi farfelues les unes que les autres. Enfin ça ne devait pas être la forme des nuages mais mon imagination qui était saugrenue.

Je comprenais Elena … enfin non, je ne la comprenais pas, je ne pouvais pas la comprendre car je ne portais pas ce petit dans mon ventre. Je la comprenais sur le fait qu’elle est peur. Ma jeune cousine ne s’y attendait sûrement pas. S’occuper d’un enfant n’était pas de tout repos. Ce n’était pas forcement une partie de plaisir. Et en plus, la jeune héritière n’avait pas voulu d’un enfant. Elle allait devoir s’occuper d’un bambin non désiré. Et si elle n’aimait pas son enfant ? Et si elle ne prenait pas plaisir à le voir jouer, a le voir téter son biberon, à le voir dormir. Et si elle prenait ça pour une corvée ? Elena allait devoir aimer son enfant si elle voulait tenir. Ma jeune cousine me faisait de la peine, beaucoup de peine. Elle se retrouvait dans une situation plus que difficile. Il était normal qu’elle doute. Que serait son avenir avec ce gamin qui sera bientôt. Elle se croyait seule, alors qu’elle ne l’était pas. Je serais toujours là pour elle. Même si je ne m’étais jamais occupé d’un enfant, je me sentais tout à fait capable d’aider ma cousine dans sa lourde tâche de mère. Ce qui me dérangeait le plus, c’était de m’occuper de son enfant. C’était le fils de Tobbias après tout. Je n’étais même pas sûr de l’aimer ce gamin, mon petit neveu. Pourtant, l’aimer ne me dérangeait guère, mais quelque chose m’empêchait d’éprouver ce sentiment vis-à-vis de lui. J’en étais le premier désolé. « Elena, tu n’es pas seule. Tu pourras toujours compter sur moi » la rassurais-je en lui caressant la main du bout de mon pouce. En présence de ma cousine, je n’étais plus le Windstord que j’étais avec les autres. Je montrais de la tendresse envers Elena et j’avais toujours fonctionné ainsi. Elena était peut être la femme qui occupait la plus grand place dans mon cœur. J’avais toujours été là pour elle et elle me le rendait bien.

En toute sincérité, me poser et fonder une famille avec une fille ne me dérangerait pas, loin de là. La seule chose qui me posait problème, c’était que cette fille, je ne l’avais toujours pas rencontré. Donc, en l’attendant, je couchais avec d’autres filles, car oui, j’avais des besoins, des envies. Je ne faisais rien de mal, et toutes les filles avec qui j’ai couché ne se sont jamais plaint. Donc, je continuerais dans cette voie là jusqu'à ce que la femme de ma vie fasse son apparition. Oui, je ne faisais rien pour la trouver non plus, tout simplement parce que je ne savais pas où chercher, ni par où commencer ? Peut être que la femme de ma vie habitait à trois rues … peut être que la femme de ma vie était originaire d’Australie, qui sait … Je l’attendais. « Oh c’est bon, te fâche pas pour si peu, tu sais bien que je disais ça pour rire. T’es encore jeune et encore, tu entres bientôt dans la trentaine, un âge qui plaît particulièrement aux femmes parce que la maturité d’un homme, il n’y a rien de plus sexy. Et si tu restes toujours aussi beau, tu vas faire craquer toutes ces dames…Du moins celles qui ne sont pas encore passées sous ta couette » Je haussais les sourcils, je n’étais pas tellement convaincu. L’amour avait toujours été un sujet dans lequel j’étais mal à l’aise. Mais bon, si Elena le disait, c’est qu’elle avait sans doute raison, après tout, c’était une femme. « Si tu le dis »

Puis nous étions revenus sur le sujet du bébé. Depuis que ma cousine était enceinte, nous ne parlions que de ça, en même temps, c’était compréhensible. Elena était inquiète, anxieuse, c’était normal. « Je ne pense pas que ce soit une si bonne idée tu sais. Je préfère le protéger et faire en sorte qu’il ne sache pas ce qu’est la vie d’un Sparkle. » La réponse de ma petite cousine me plaisait pas mal. Mais je ne comprenais pas trop la dernière partie de sa phrase. La vie d’un Sparkle ? De quoi voulait-elle parler ? De la médiatisation autour de cette famille ? « Et qu’est que la vie d’un Sparkle ? » finis-je par demander en arquant un sourcil, un petit sourire du coin des lèvres. « Tu as raison. Ce n’est pas une bonne idée. » Finis-je ensuite par conclure. Elena savait très bien ce qui me bloquait. Évidemment le sang de ce bambin. Certes, il avait la sang Sparkle mais aussi de ce Tobbias. Un sang de traître en somme. Et donc, il ne sera jamais un vrai Sparkle.

« A quoi bon trouver du boulot quand on n’en a pas besoin ? Après tout, les gens passent leur vie au travail pour gagner de l’argent et subvenir à leurs besoins. Et moi je n’ai pas de problème financier. » Elena n’avait pas tort d’un côté. Pourquoi se casser la tête à suivre des études quand le super cousin ramenait l’argent à la maison ? Elena n’avait rien à faire, elle pouvait avoir ce qu’elle voulait rien qu’en sortant sa carte de crédit. Mais moi, je savais que si je ne travaillais pas, je me ferais bien chier. Quel plaisir de pouvoir recevoir son salaire chaque mois, récompense d’un dur labeur. Mais, Elena faisait des études archéologiques avant de tomber enceinte. Pourquoi avait t’elle décidée de laisser tomber ? A cause de son enfant ? « Et tes études ? » demandais-je ensuite, curieux de savoir ce qui la poussait à les arrêter.

« Par pur hasard, toi qui habites ici depuis un petit temps déjà. Ne connaitrais-tu pas un groupe de soutien pour femmes enceintes et seules qui plus est. Ca doit bien exister ici et je pense que ça me ferait le plus grand bien de côtoyer des femmes comme moi. » Je fronçais les sourcils, signe d’une interrogation réfléchie. Existait-il ce genre de truc à New Heaven. Je n’en savais vraiment rien. « Je sais pas du tout désolé ! Demande à Madame Ainsworth, la maire, peut être qu’elle pourra t’aider ! »

« Elena, tu n’es pas seule. Tu pourras toujours compter sur moi. » Ces mots me traversèrent l’échine et me firent l’effet d’un choc électrique. Je me répétais dans ma tête un long moment ce qu’il me disait. Je venais à cet instant de prendre conscience d’une chose importante. Je l’empêchais presque de vivre sa vie. Il devait toujours être là pour moi, toujours s’assurer que je me porte bien, que tout se passe bien. Dès que je voulais le voir, il arrêtait ce qu’il était en train de faire pour venir me rejoindre. J’avais tout ce temps été aveuglée par mon égoïsme. Tout tournait toujours autour de moi. Bien sûr, on parlait de temps en temps de lui et de sa vie, mais ce n’était que minime dans nos conversations comparé au temps qu’on consacrait à mon existence. Je ne pouvais pas le condamner à rester auprès de moi comme ça. Il était trop bon, il acceptait toujours tout sans rechigner une seule fois. Je ne voulais pas être cette personne qui le retenait de profiter de la vie, je ne l’avais jamais voulu et pourtant, c’est ce que je suis devenue avec le temps. Vous voyez, le genre de fardeau qu’on doit toujours porter sur ses épaules. J’avais honte de ce que je lui faisais subir. « Win… » dis-je en poussant un long soupir. Comment lui dire ça sans le blesser. Car malgré tout, je savais que je tenais une place importante dans son cœur. Peut-être étais-je même le seule femme à le voir sous son vrai jour.

Je fronçai les sourcils lorsque mon regard se posa sur son pouce qui caressait tendrement ma main. Il me fallait encore un peu de temps pour trouver les mots, je n’étais surtout pas capable de les prononcer tout de suite. J’essayais de me re concentrer sur ce qu’il me disait mais mon esprit était déjà ailleurs, je n’entendais plus que des bribes de phrases comme « …le dis. », « …vie d’un Sparkle ? » ou encore « Tu as raison… idée.». Tout devenait si confus dans ma tête qu’il me fallut fermer un instant les yeux le temps de faire le vide et de respirer un bon coup. Je fis le tri des informations qui étaient parvenues à mes tympans et tentai de reconstruire les parties manquantes de ses phrases. La vie d’un Sparkle, je suppose qu’il n’avait pas bien compris ce que je voulais dire par là. « C’est une vie insoutenable pour une personne fragile. Maintenant, c’est sûr que grâce à un nom de famille comme le nôtre, il ne manquera de rien. Mais tu sais…le fait que ce petit être ait aussi du sang de Tobbias en lui, je ne pense pas que ceci ravira notre famille. D’autant plus que mon père n’est pas…tout à fait au courant. Je comptais lui dire le jour du mariage, mais vu ce qui s’est passé, j’avais trop honte de lui en parler. » Ce petit détail m’avait quelque peu échappé pour dire vrai. Il s’était passé tellement de choses depuis, que j’avais complètement oublié d’en avertir mon paternel. Enfin, je ne sais pas si c’était si involontaire que ça, finalement je trouvais l’idée plutôt bonne. Il m’aurait sûrement forcée à avorter ou autre et rien que d’y penser, j’en avais des frissons. Heureusement que lors du mariage, mon ventre n’était pas encore trop rebondi, j’en aurais eu des comptes à rendre. « S’il te plaît, ne vas pas lui en parler. Je ne me sens pas capable de l’affronter pour le moment. Et puis il a sûrement d’autres choses plus importantes à faire. »

Je l’écoutai me questionner sur mes études. Je me sentais plutôt soulagée de changer de sujet sachant que le précédent me mettait mal à l’aise. Et puis j’en avais marre de lui parler de tout ça. Cependant, je n’étais pas sûre qu’aborder le thème des études soit une bonne idée. Qu’attendait-il comme réponse de ma part ? Même moi je ne savais pas y répondre et pourtant, je m’interrogeais souvent là-dessus mais à aucun moment j’étais parvenue à une réponse qui tiendrait la route. Pourquoi avais-je abandonné mes études ? Si, ça je le savais. Pourquoi ne recommençais-je par mes études ? Là ça bloquait. Je méditai un instant sur la réponse que j’allais lui fournir. « Je ne sais pas Win. Je viens à peine d’arriver ici. Je n’ai pas envie d’à nouveau tout quitter pour repartir là-bas. Et puis sérieusement, tu me vois reprendre mes études avec un enfant ? Ca ne servirait à rien, il est trop tard maintenant. ».
« Je sais pas du tout désolé ! Demande à Madame Ainsworth, la maire, peut être qu’elle pourra t’aider ! » . Je hochai la tête en signe d'acquiescement bien que j'ignorais qui était Madame Ainsworth. La maire de la ville peut-être ? Oui je suis une inculte pour tout ce qui concerne l’actualité de la ville. A vrai dire, ce ne sont pas vraiment des choses auxquelles je prends plaisir à m’intéresser, à me renseigner. Quoiqu’il en soit, il fallait que je retienne ce nom qui pourrait m’être utile pour trouver ce que je cherchais..

Je fixai son pouce qui caressait toujours ma main, ce moment allait être affreux pour moi. J’ignorais la façon dont je réagirai pas après. Effondrement ? Soulagement ? Un mélange des deux peut-être. Mais au moins, mon égoïsme serait fini. Je retirai lentement ma main, prenant une grande inspiration. « Windstord…Tu ferais mieux de retourner à tes activités. Je n’aurais pas du t’appeler, ça a été un geste complètement stupide de ma part en fait. Je me suis servie de toi, t’es mon passe temps quand je m’ennuie. Et puis je n’avais pas envie de voir un psychologue, alors j’te voyais toi. Mais maintenant c’est fini, tu peux retourner vivre ta vie, je n’ai plus besoin de toi. » J’avais dit tout cela tout en le regardant droit dans les yeux pour qu’il voit que je ne lui mentais pas. Et pourtant, si je lui mentais, mais c’était pour son bien, pour qu’il ne se soucie plus de moi. Que je ne sois plus ce fardeau que j’ai été jusqu’à présent. J’avais été dure, et je savais parfaitement qu’il aurait du mal à me pardonner, si ça devait arriver un jour du moins. Je venais sûrement de foutre en l’air une relation unique, la seule à laquelle je m’accrochais, à laquelle je tenais sincèrement et j’allais sûrement le regretter un jour, mais c’était mieux ainsi. J’avais pris cette décision un peu précipitamment, j’en avais bien conscience. Etait-ce à cause de mes hormones ? Possible que ça ait amplifier la chose mais voilà, c’était dit de toute façon. « Je suis désolée, vraiment désolée. » Je lui devais au moins des excuses après ce qu’il venait d’entendre. J’espérais néanmoins avoir été suffisamment convaincante dans mon mensonge, ce qui n’était pas facile car il devait bien se douter que ce n’était pas dans mes habitudes de réagir comme ça, de me la jouer profiteuse. Cependant, je pense que le regard que je lui avais lancé à la fin de mon discours avait été suffisamment froid, distant pour qu’il y croit. Je baissai la tête, ne parvenant plus à soutenir son regard qui me faisait déjà regretté mon geste…

Spoiler:

Elena était la seule personne qui pouvait me faire faire ce qu’elle voulait. C’était le cas de le dire, j’étais aux petits soins avec elle depuis que ce Tobias l’a laissé en plan avec un bébé dans le bide qui serait bientôt des nôtres. Je considérais cette femme comme ma sœur et un lien étrange nous reliait. A la base, nous n’étions que cousin et cousine. Mais, soyons francs, je ne l’avais jamais considéré comme tel. J’aimais sa compagnie, et j’aimais lui rendre service. Donc, même si elle me dit de retourner à mes activités et que m’avoir appelé était une idée stupide, je n’ai pas pu m’empêcher d’esquisser un sourire. « Mais enfin Elena, qu’est qui te prend ? » lui demandais-je entre deux petits éclats de rire. Je repris ma respiration avant de poursuivre : « Tu veux savoir ce qui est stupide ? C’est ta réaction ! Il y a un problème ? » J’avais beau, me creuser la tête, je ne voyais pas ce qui avait pû provoquer ce changement d’humeur si soudain. A force d’y réfléchir, j’en arrivais à cette conclusion ; sa grossesse ! Je ne savais pas grand-chose à ce sujet mais je savais que pendant la période où le bambin séjournait dans le ventre, beaucoup de choses changeaient dans le caractère de la femme. Elles pouvaient devenir insupportables, elles pouvaient avoir envie de glace à longueur de journées, elles pouvaient geindre toutes la journée, elles pouvaient vous en vouloir à mort, elles pouvaient aussi avoir des sautes d’humeur, et elles avaient faim ! Oui, c’était sans doute ça. Mais si je l’ai trouvé un peu dure sur ses dernières paroles, mon sourire ne quitta pas mon visage. Comment ça elles n’avaient plus besoin de moi ? On avait toujours besoin. « Elena, je ne bougerais pas de ce banc ! » Je tournais la tête vers le parc, suivant du regard les jeunes femmes qui y passaient. J’enlevais ma veste, je commençais à avoir un petit peu chaud. On ne pouvait pas dire que le parc était très peuplé aujourd’hui, remarque, ce n’était pas plus mal, au moins, on n’entendait pas les mères crier après leur enfants qui se battaient juste devant nos yeux. Je n’aimais pas les enfants, c’était ça le truc. Leur petite bouille me donnaient toujours envie de les claquer. D’après certaines mères et certains pères, avoir un enfant, c’était comme un cadeau du ciel. Un cadeau ? Mon cul oui ! Je prends plutôt ça pour une corvée. Se lever à pas d’heures toutes les nuits pour leur donner le biberon quand ils sont bébé, leur changer les couches, devoir supporter les pleurs. Enfin, j’aimais les enfants … quand ils sont adultes. Hébergeant un adolescent se droguant et se foutant de tout, je savais de quoi je parlais. C’était impossible à vivre. Heureusement qu’Orphée était un minimum indépendant et qu’il me faisait pas chier.

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